Objectifs scientifiques et projet de recherche

Notre projet propose de mettre en réseau des chercheurs travaillant sur les constructions nationales à Cuba et en Haïti, en questionnant de manière comparée l’implication des savoirs sur la société, notamment de l’anthropologie, dans ces processus. Dans ces deux pays, l’entrelacement entre projets politiques et théories anthropologiques se pose (encore) avec une acuité toute particulière même s’il reste, de façon contradictoire, peu examiné. Dans une continuité théorique et méthodologique avec nos travaux antérieurs, nous nous intéresserons aux années 1940-1970, période cruciale, marquée par une redéfinition des identités et de l’altérité, dans un contexte mondial caractérisé par la Guerre froide et la décolonisation. En empruntant des voies qui les distinguent alors durablement, Haïti et Cuba y jouent un rôle singulier, encore largement méconnu, dans l’émergence de réseaux caribéens, panaméricains et internationaux à la fois scientifiques, politiques, littéraires et artistiques. Dans les deux contextes, il s’agira alors d’articuler le volet épistémologique de nos recherches à une interrogation sur les processus de hiérarchisation des objets de recherche et d’enseignement. Deux d’entre eux, deux « impensés » qui occupent aussi bien le passé que le présent, retiendront notre attention : les migrations (internes, externes), en ce qu’elles brouillent les frontières politiques et symboliques de la nation ; et les dynamiques de discriminations, qui réactivent la fabrication « d’altérités endogènes ». Les échanges autour de ces problématiques communes permettront de mettre en relation nos partenaires de la Faculté d’ethnologie et du LADIREP, relevant tous deux de l’Université d’État d’Haïti (UEH), ceux de l’Instituto Cubano de Investigación Cultural Juan Marinello (ICIC), de l’Instituto Cubano de Antropología (ICAN) et de la Faculté de philosophie et d’histoire de l’Université de La Havane, l’URMIS (UMR 205) et les membres de réseaux de recherche caribéens et latino-américains – notamment ceux animant les débats sur les épistémologies des Suds – avec lesquels nous entendons poursuivre, approfondir ou/et développer des collaborations. L’idée, à terme, est d’ouvrir nos analyses comparées à d’autres pays de la région caribéenne, région peu investie, dans sa globalité, par la recherche. Notre réseau organisera notamment deux écoles d’été (sous la responsabilité d’une équipe pédagogique cubano franco- haïtienne), des ateliers de travail annuels et un colloque final. En outre, les membres du projet participeront ensemble à une mission de recherches en archives, à un colloque latino-américain sur la thématique. Attentifs à l’impact carbone de nos déplacements, nous privilégierons des séjours longs combinant plusieurs activités. Au-delà de la co-réalisation de ces activités de recherche, notre collaboration se concentrera sur une offre d’enseignement à partir des résultats obtenus (cours et séminaires organisés en Haït, à Cuba et en France). Dans une perspective de formation par la recherche, nous ferons en outre participer les étudiants impliqués aux ateliers de travail, aux réunions de coordination, à l’organisation de nos rencontres scientifiques et à la rédaction d’articles et chapitres d’ouvrages. Notre travail en collaboration repose effectivement sur un double esprit d’équité : équité nord-sud et équité étudiants-chercheurs.

Unités IRD impliquées

• Département sociétés et mondialisation (SOC)
• URMIS

Institutions membres

IRD : Institut de recherche pour le développement

ICAN : Instituto cubano de antropologia

ICIC : Instituto cubano de investigacion cultural Juan Marinello

UEH : Université d'état d'Haiti

Objectif(s) du développement durable ciblé(s)

ODD05 - EGALITE ENTRE LES SEXES

ODD10 - INEGALITES REDUITES

ODD17 - PARTENARIATS POUR LA REALISATION DES OBJECTIFS