Objectifs scientifiques et projet de recherche

Au Niger, les migrations et les mobilités sont, soit abordées comme des stratégies d’adaptation à des contextes de crise, soit analysées de façon déconnectée des systèmes socio-économiques dans lesquels elles s’insèrent. L’accent est mis sur les migrations internationales, oblitérant les mobilités qui se jouent à des échelles plus fines. Ce projet vise à dépasser ces approches pour mettre en œuvre une démarche globale questionnant les systèmes de production et les systèmes familiaux en lien avec les mobilités. Comment les mobilités participent-elles de ces systèmes de production et de ces systèmes familiaux, s’instituant comme une ressource économique, sociale, politique ou culturelle et dessinant les contours d’un espace local construit par et avec les circulations ? Nous faisons l’hypothèse que les mobilités quelles que soient leurs échelles spatiales ou temporelles, ne sont pas seulement des stratégies d’adaptation face aux contraintes des espaces locaux, mais qu’elles sont parties prenantes des systèmes de production à l’égal des autres ressources. Ces mobilités sont intégrées aux systèmes familiaux, qui en constituent les espaces de négociation et peuvent être en retour mis en question par celles-ci.

Unités IRD impliquées

3R20500 : URMIS

3R21500 : PRODIG

Institutions membres

UAM : Université Abdou Moumouni de Niamey

Responsable(s)

M. x

Correspondant

Mme. X

Disciplines scientifiques

Sciences de la société Sciences humaines et humanités

Thématiques de recherche

Le projet se décline en deux axes et un axe transversal. Le premier axe de recherche interroge les politiques de développement et les politiques migratoires qui se mettent en place actuellement au Niger. L’hypothèse est que les formes d’intervention en matière de développement et d’humanitaire recoupent les politiques de contrôle des migrations définies aux échelles internationales et nationales, conduisant ainsi à des changements dans les systèmes de mobilité. Seront explorées les politiques migratoires et humanitaires à l’échelle nationale et leur mise en œuvre à l’échelle locale, via le suivi de projets dans les trois régions identifiées (Dosso, Maradi, Zinder). L’objectif est de mieux comprendre comment se fabrique la volonté de contrôle et de stabilisation des populations, et comment celle-ci se traduit dans les pratiques. Le second axe est centré sur les systèmes de production et familiaux. En s’appuyant sur une enquête quantitative réalisée dans des villages des régions de Dosso, Zinder et Maradi en 2017 pour réaliser une enquête qualitative d’envergure, l’objectif est de montrer comment les mobilités entrent en complémentarité ou en tension avec les autres ressources et comment elles questionnent les hiérarchies sociales, les relations intergénérationnelles. Si la dimension locale de l’approche villageoise constitue la clé d’entrée, les systèmes de circulation et de dispersion seront analysés en questionnant l’hypothèse d’un continuum villes-campagne construit par et avec ces mobilités. La dimension genre fait l’objet d’un questionnement spécifique dans un contexte où les migrations féminines prennent de l’ampleur en se distinguant des formes de mobilité masculines. L’axe transversal se propose enfin, de développer une réflexion critique sur les notions de circulation, transnationalisme et dispersion à partir du cas du Niger, actuellement pris dans une tension entre des pratiques instituées de mobilités et la volonté politique de contrôle de ces mêmes mobilités.